Sylvain Tesson, une rencontre en 4 livres
Sylvain Tesson. Qu’on ait lu ses livres ou non, son nom le précède, évoque les vastes steppes, les tours du monde en vélo, les forêts de Sibérie. En plus d’être grand voyageur, Sylvain Tesson est aussi l’une des plumes les plus élégantes et envolées de la littérature française contemporaine. Il y a quelques semaines, il est venu nous rendre visite. Et on a eu la grande chance de l’interroger sur son travail. 4 extraits de notre rencontre, 4 ouvrages incontournables.
Les carnets de voyage de l'autre bout du monde
« Le voyage est une moisson d’impressions et de sensations que l’on peut traquer par l’observation et ensuite prolonger par la notation. Si elle n’est pas écrite, l’expérience du voyage n’a pas trouvé d’incarnation. Chaque voyage a un point final, non pas quand j’arrive chez moi pour poser la valise, mais quand j’appose le point final à mon récit. C’est la bénédiction de la lettre : elle apporte la confirmation que quelque chose a été vécu parce qu’elle a été racontée. »
A lire : Une très légère oscillation, Édition des équateurs, 19 €
L'expérience de l'ermite : 6 mois dans une cabane en Sibérie
« Il y a une contradiction profonde entre mon désir de solitude, d’arpenter des paysages perdus dans la nature, et le fait qu’entre mes voyages, je vive à Paris, à Saint-Michel. Comment peut-on rêver de Sibérie et vivre à Saint-Michel ? C’est vrai que c’est contradictoire. Mais cela dit, qui n’est pas contradictoire ? Il y en a quelques uns qui trouvent un point d’équilibre, ce sont les funambules de la vie. M’installer dans une cabane en Sibérie était une tentative de trouver ce point d’équilibre, de résoudre l’équation entre l’arrêt et le mouvement, entre la trépidation et le calme. »
A lire : Dans les forêts de Sibérie , Gallimard Folio, 7,80 €
La carte et le territoire : traverser la France à pieds
« Je n’ai jamais cessé de contempler les cartes en papier. C’est le premier appel. D’abord on regarde la carte, ensuite on prend la route. Les outils technologiques de navigation ne permettent pas de se perdre. Ils masquent toute possibilité d’aventure. Une carte, c’est l’extension du rêve. C’est une projection mentale de l’espace. Elle donne une vision synoptique, aérienne, presque artistique. Il faut se méfier de ce que l’on appelle « old school », parce que c’est souvent ce qui vous enterre. »
A lire : Sur les chemins noirs, Gallimard, 15 €
Le conteur d'histoires : 19 nouvelles, 19 destins
« Mes meilleurs compagnons ce sont les mots. Les mots sont merveilleux. Ce sont des voyageurs, ils ont pris naissance, ils arrivent, ils sont morts, certains reviennent, d’autres dorment dans notre mémoire, parfois on les exhume, on les réhabilite. J’aime les mots parce qu’ils sont des amis parfois sarcastiques, parfois drôles, parfois on demande qu’on les choit avec beaucoup d’affection. »
A lire : S’abandonner à vivre, Gallimard Folio, 7,80 €